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Jean Dusaussoy

L'ABSexWine / Part 1/4


Hans von Aachen (1595-1598) Bacchus Venus et Cupidon (détail)

Depuis que Bacchus, alias Dionysos chez les Grecs, séduisit, lors d’une de ses Nuits d’ivresse (1), Aphrodite, plus connue sous le nom de Venus chez les Romains, et que le fruit de leur union s’appella Priape, « aimer les vins c’est aimer l’amour, et aimer l’amour c’est aimer les vins » comme le conclut Bernard Pivot dans son Dictionnaire amoureux du vin.

Le vin posséderait même des vertus influant sur nos comportements sexuels. Une étude, menée en 2009, par l’hôpital Sainte Marie de l’Annonciation à Florence sur un échantillon de 789 femmes entre 18 et 50 ans résidant dans la région de Chianti, a même démontré qu’un à deux verres de vin rouge par jour suffisent pour accroître le désir sexuel de la femme. Le vin rouge semblerait avoir un effet direct sur l’activité sexuelle, bien au-delà du pouvoir désinhibant de l’alcool, car il favoriserait la lubrification.

On ne sait pas si le vin que le soldat fit boire à sa belle (à moins que ce fut l’inverse) était un blanc de Saône et Loire ou un rouge du Rhône, mais « la légende, nous dit toujours Pivot, veut qu’un légionnaire de César, dont les troupes remontaient la vallée de la Saône, désertât pour les beaux yeux d’une paysanne. On baptisa le village Saint-Amour. » Et même si comme souvent l’histoire remet en question la légende (2), c’est bien cet élan, vif et spontané, que l’on retrouve dans les vins, tout en fruit, de l’appellation Saint-Amour, le plus septentrional des crus du Beaujolais.

S’il y a un vin qui est irrémédiablement lié à la relation amoureuse, c’est bien le champagne qui serait, selon les mots attribués à Madame de Pompadour, la favorite de Louis XV, « le seul vin qui laisse une femme belle après boire ». Depuis, le champagne continue à faire tourner les têtes, flirtant parfois même avec le fantasme. Le sein de la marquise et celui de Marie-Antoinette se disputent l’origine de la forme de la coupe de champagne. L’un des deux lui aurait servi de moule, à moins que ce soit un service pour boire le lait, comportant des bols inspirés d’un modèle grec de l’Antiquité, en forme de sein (3), que Louis XVI offrit à la reine.

En 2012, Pommery penchait en faveur de la favorite avec sa cuvée « Les Clos Pompadour », issue de parcelles situées à Reims intra muros entre les bâtiments de style victorien du domaine. Et Pierre-Emmanuel Taittinger, des champagnes éponymes, alla encore plus loin sur ses vertus prétendument aphrodisiaques en déclarant que « le seul concurrent du champagne était le viagra ». Devant une telle surenchère, il est étonnant qu’une cuvée « Remuage avant dégorgement » n’ait pas encore vu le jour.

Mais loin de ces considérations « techniques », qu’en est-il des sentiments ? Si le vin échauffe indéniablement les sens et l’esprit, réchauffe-t-il pour autant notre cœur ? Puisqu’il n’existe pas de réponse unique à cette question, la dégustation restant une expérience personnelle (qu’il est néanmoins toujours plus agréable de partager au moins à deux), nous vous proposons d’explorer les relations entre le vin et l’amour, àtravers un abécédaire illustrépar des cuvées aux noms plus ou moins explicites.

(Une première version de cet abécédaire a été publiée dans le n° 30 de Terre de vins)

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(1) Nuits d’ivresse 2012 (100% cabernet franc) AOC Bourgueil - domaine Breton

(2) En 286, un légionnaire romain du nom d'Amor échappa à un massacre dont furent victimes bon nombre de ses camarades. Ils avaient refusé de marcher contre des chrétiens. Réfugié en Gaule, le soldat y devint missionnaire. Il aurait légué son nom au village de Saint-Amour. Aujourd'hui, une statuette installée près de l'église lui rend hommage.

(3) photo © RMN/Martine Beck-Coppola

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