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  • Texte & photographies Jean Dusaussoy

Vueling* to Douro / #visitportoandthenorth / Portugal


Prenant sa source en Espagne où on l'appelle Duero et abreuvant une autre appellation prestigieuse (Ribeira del Duero), on le voit d'abord du ciel avant d'atterrir à son embouchure, Porto. Mais avant, le Douro baigne un des vignobles les plus célèbres du monde, celui des vins mutés de Porto dans le haut Douro (où l'on produit également des vins tranquille - DOC Douro), classé au patrimoine mondial de l'UNESCO.

Maintenant, de son embouchure, remontons vers le nord en partant de Gaia, où toutes les grandes maisons possèdent leur chais de vieillissement, en faisant le trajet contraire de celui des barriques qui descendaient le Douro de Pinhão et du haut Douro à bord des rabelos, embarcations à fond plat et à haute voile carrée, aujourd'hui motorisées.

Mais avant d'arriver dans le haut, le fleuve traverse le bas Douro et un autre vignoble, celui du Vinho Verde (le plus grand du Portugal par la superficie cultivée). Si l'appellation est moins cotée que celles situées plus au nord-est, elle est toute aussi connue et synonyme d'été avec ses vins souvent légèrement perlants et acidulés. Mais cette image d'Epinal cache une réalité beaucoup plus complexe. Riche d'une dénomination régionale (Minho) et de ses 9 sous-régionales, le Vinho Verde est pluriel (1).

Pour s'en rendre compte, bifurquons sur le rio Tâmega et remontons-le jusqu'à Amarante où se déroule le festival UVVA (Universo do Vinho Verde Amarante) qui a lieu chaque année dans le cloître du monastère São Gonçalo. Mais avant arrêtons-nous un moment sur le pont éponyme qui fut le théâtre d'un haut fait de l'histoire portugaise durant les guerres napoléoniennes. La défense du pont du 18 avril au 2 mai 1809, sous le commandement du brigadier et gouverneur Silveira, qui avait sis son quartier général dans la Casa de Caçalda (aujourd'hui magnifique Relais & Châteaux - photo ci-dessus), permit de bloquer suffisamment longtemps l'avant-garde française pour lui couper ainsi la route de Porto.

Si les vinhos verdes sont principalement levurés en blanc (car il en existe aussi en rosé et en rouge dans l'appellation ainsi que des vendanges tardives, des sparkings et même des eaux de vie), on trouve quelques producteurs à travailler en levures indigènes. Trois seulement (Manhufe, Quinta de Linhares, Quinta de Silvoso) sur la cinquantaine de maisons et quintas indépendantes qui se trouvaient à Amarante représentant toutes les sous régions de l'appellation. Le cépage principal du Vinho verde reste l'Alvarinho pour son aromatique, mais de nombreux cépages (Arinto, Avesso, Azal, Batoca, Loureiro, Trajadura... Le Portugal est avec l'Italie le pays où il reste le plus grand nombre de cépages autochtones à la différence de la France où 90% de ceux-ci on disparu) viennent le compléter ou se vinifier seuls, comme à la Quinta da Linhares ou à la Quinta Silvoso où père et fille travaillent ensemble à Amarante (photo ci-dessous).

Mais c'est durant le dîner du chef Tiago Bonito, au Largo do Paço, le restaurant étoilé de la Casa de Caçalda qui offre une vue magnifique sur Amarante (photo ci-dessous), que j'ai dégusté le vinho verde le plus atypique. Vinifié à la Quinta da Palmirinha par Fernando Paiva, qui est un des pionniers des principes biodynamiques au Portugal et le seul certifié de l'appellation, ce Loureiro 2017, légèrement oxydatif, a su trouver le chemin du merlu, oeuf confit et champignons sauvages. Il offre plus de matière sans un élevage sous bois et garde une belle tension, ce qui laisse à penser que le vinho verde blanc peut très bien vieillir, comme nous avons pu le vérifier dès le lendemain à la Casa de Cello, avec un Quinta de San Joanne Branco 2007, assemblage d'Alvarinho et de Malvasia, bâtonné.

Quelques kilomètres au nord d'Amarante, au Monverde, Wine Experience Hotel, sis au coeur de la Qinta de Lixa, le terme oenotourisme prend tout son sens, en offrant une expérience totale haut de gamme autour du vin, de l'assemblage au soin en passant bien sûr par la table et l'alcôve.

Là, l'oenologue maison, Carlos Teixeira, qui vient d'élaborer le premier penat de l'appellation à partir d'Alvarinho et de Loureiro, vous propose de faire votre propre vinho verde à partir des principaux cépages régionaux. C'est ludique et vous repartez avec votre bouteille pour pouvoir le re-déguster à tête et palais reposés.

Et le chef, Carlos Silva, vous propose, dans le cadre lumineux au design scandinave du restaurant gastronomique, de marier les vins de la quinta avec une cuisine locale revisitée, comme cette morue confite et sa vessie en croûte de pain de maïs sur cet Alvarinho boisé. Là encore, c'est inventif, fin et savoureux.... Rien de mieux pour commencer son séjour à Monverde avant de filer au spa profiter de la vinothérapie...

Mais il est temps de partir, retour à Porto. Sans oublier de jeter un dernier regard sur le Douro depuis l'une des terrasses de Gaia, où beaucoup de grandes maisons ont leur table d'hôtes, un porto blanc extra dry pour accompagner les volutes d'un Corona qui s'élèvent entre chien et loup sous l'oeil de la lune.

(1) Amarante, Ave, Baião, Basto, Cávado, Lima, Monção & Melgaço, Paiva et Sousa.

* Porto est desservie par la compagnie Vueling depuis Paris Orly (vol quotidien) et Paris Charles de Gaulle (3 vols/semaine) depuis début avril 2019.

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