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  • Texte & photographies Jean Dusausoy

Les Beaujolais 2/3 / Château du Moulin-à-Vent / El Quijote du Beaujolais

Ma première gorgée d’un Château du Moulin-à-vent (cru septentrional des, et non du, Beaujolais car il est pluriel par essence), c’est l’un de ces soirs où l’on attend rien. Une connaissance vous propose de passer déguster les vins d’un ami, producteur dans le Beaujolais. Vous vous faîtes un peu violence car la dernière chose dont vous avez envie, après toute une journée de dégustation puis un dîner, c’est justement de déguster. Mais vous avez promis de passer…

La première chose que vous remarquez, c’est la croix que forment les ailes stylisées du moulin sur l’étiquette. Une héraldique moderne avec trois lettres, C/M/V, dans les trois premiers vides formés par la croix et 1732 (date de création du domaine) dans le quatrième. La seconde, c’est que c'est un blanc, un chardonnay minéral, gras et légèrement boisé, rien d’étonnant jusque là (il y a des Beaujolais blancs), mais d’une vieille vigne en Puilly Fuissé (seconde acquisition de la famille Parinet), ce qui l’est déjà plus. CMV est donc une marque, une approche originale dans le monde de terroir qu’est le vin. Mais revenons au terroir justement car après cette première rencontre, il convenait d’y aller voir de plus près.

Le Château du Moulin-à-Vent s’étend sur 30 hectares, fragmentés en plus de 120 parcelles situées sur les sept terroirs qui constituent le cœur de l’appellation. Un domaine familial, vendu seulement deux fois depuis sa création, la première fois, en 1911, et la seconde, à Jean-Jacques Parinet
 et son fils Edouard, en 2009. Un domaine patrimonial aussi, qui vit passer, de 1811 à 1812, Lamartine, « amant ivre et passionné » des vins du château autant que de la fille du propriétaire d’alors. Une idylle contrariée dont le poète ira se consoler en Italie...

Les vendanges touchent à leur fin et laissent une éphémère nature morte dans l’égrappoir avant le grand nettoyage. Egrappage ou vinification en grappe entière, durée
 des macérations, nombre et rythme de remontages/pigeages adaptés 
en fonction de la richesse et de la concentration des fruits et de leur terroir
, vinifications réalisées dans des cuves de petits volumes, en particulier pour les sélections parcellaires, suivies d’élevage sur-mesure.
 La vision bourguignonne du Moulin-à-Vent qu'ont Jean-Jacques et Edouard Parinet, ainsi que Brice Laffond, le directeur technique du domaine, fait débat dans l’appellation, mais les vins sont au rendez-vous.

L’agréable fruité du Couvent des Thorens 2014 est une jolie introduction à la gamme et la richesse du Château du Moulin-à-Vent 2013 montre déjà une base solide, mais dès que nous rentrons, sur le même millésime, dans les différents « climats », plus de doute, le travail effectué depuis 2009 porte ses fruits. A commencer par La Croix des Vérillats toute en finesse, Champs de Cour plus dense et austère et enfin une équilibrée La Rochelle, égrappée et élevée en fût sans que le bois domine.

Terminons avec le Clos de Londres 2011, micro-cuvée du clos de 56 ares attenant au château veillé par son moulin, nommée ainsi en hommage à Philiberte Pommier et sa petite-fille la Comtesse Thy de Milly, alors propriétaires du Château, qui envoyèrent en 1862 ce parcellaire à l'Exposition Universelle de Londres, où il décrocha la médaille d'Or des vins du Mâconnais.

Seulement 1200 bouteilles, rien que les années exceptionnelles (2009, 2011, 2014, 2015), mises en vente après cinq ans et un élevage de 18 mois en fût. Un vin quichotesque par excellence, à la hauteur du pari que s’est fixé Jean-Jacques Parinet, cet hidalgo du Moulin-à-Vent : mettre le gamay à l’honneur en Bourgogne à l'heure où des Bourguignons plantent du pinot noir dans le sud du Beaujolais.

Château du Moulin-à-Vent

4, rue des Thorins - 71570 Romanèche-Thorins

Tél : 03 85 35 50 68

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