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  • Jean Dusaussoy

A Chacun sa madeleine / Dentelles de Montmirail (Vaucluse)


A chacun sa madeleine. Pour ma part, ce sont les Dentelles, celles de Montmirail en particulier. Plus modestes que le Mont Ventoux qui leur fait majestueusement face (cf. photo) et dont déjà Pétraque célébrait l'ascension en 1335, elles me font pourtant autant d’effet que sur certains jupons, sans doute parce que j’ai grandi à leurs pieds. Il n’y pas de fois où je passe dans cette région du Vaucluse sans que j’emprunte la petite route qui serpente sur leurs flancs entre Beaumes de Venise et Suzette en passant par Lafare.

C’est justement, le trajet d’une des ballades œnotoutistiques que Rhonéa (union de deux caves coopératives, Vignerons de Caractère (Vacqueyras) et Vignerons de Beaumes de Venise) propose pour faire découvrir leurs terroirs à pied, en vélo (électrique), en 4x4 ou à cheval avec ou sans pique-nique vigneron. Mais attention, pas par la route, sinon par les chemins qui traversent les Dentelles afin de comprendre les différents terroirs de l’appellation Beaumes de Venise avant de déguster les vins car selon les sols sur lesquels pousse la vigne, certains cépages s’adapteront mieux que d’autres et un même cépage pourra développer des différences aromatiques.

A commencer par, au nord-est de Beaumes de Venise, les Terres Blanches de Bel Air (cf. photos de gauche à droite), sol argilo-calcaire marneux à la roche mère de couleur blanche, parfait pour le muscat petit grain qui donne le célèbre vin muté (nous vous en avions déjà parlé ici), mais peut être également vinifié en sec comme dans la cuvée Petits grains de Balmes (2015) dégustée au Dolium, le restaurant de la cave de Beaumes de Venise, sur un délicieux homard et son étonnante raviole à la farine de châtaigne. On sent toute la minéralité un peu brute provenant des blocs calcaires où la vigne vient plonger profondément ses racines s’exprimer en fin de bouche.

Continuer par les Terres grises des Farisiens du côté du village de Lafare. Des marnes noires oxfordiennes du jurassique supérieur datant de 140 à 150 millions d’années avant notre ère, à l’Est et au Sud-Est des Dentelles, profitant d’un ensoleillement exceptionnel où grenache, syrah, mourvèdre et cinsault poussent à l’abri du mistral. Récoltés à maturité, ils donnent la cuvée structurée Terre des Farisiens à la robe brillante de cerise et aux arômes de cuir, d’épices et de pruneau avec une note finale réglissée.

Et finir par les Terres ocres du Trias, plus haut vers Suzette reconnaissables à leur couleur. Vieilles de 230 millions d’années, elles sont enfouies sous plus de d’un kilomètre de sédiments dans la région, mais affleurent en surface vers le col de Suzette. D’une fertilité très faible, drainant tout en ne craignant pas la sécheresse, ce terroir permet la production de vins puissants à l’image de ce Terres du Trias 2008 dégusté sur un pigeon en deux cuissons, suprême rôti et cuisse braisée, avec un fond fait avec la carcasse et les abats et lié au vin rouge (du Beaumes de Venise naturellement) qu’avait préparé le chef, Michel Ducellier, en février dernier avec les dernières truffes de la saison.

L’aromatique marc de muscat sur un savoureux sablé à la frangipane (il faut penser aux spiritueux sur les desserts) pour finir en beauté ce copieux menu « Côtes du Rhône » que propose le Doilum et il ne vous reste plus qu’à profiter de l’accueil de l’une des nombreuses chambres d’hôtes que les vignerons des deux caves proposent pour se réveiller le lendemain au milieu des vignes.

Tous les renseignements sur www.oenotourisme.rhonea.fr

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