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  • Jean Dusaussoy

Les Trésors du chai Doléris / Madiran

Restées plus de 20 ans à labri du chai Doléris, à Lembeye dans les Pyrénées-Atlantiques, plusieurs centaines de bouteilles de Madiran et de Pacherenc de Vic Bilh (sec et moelleux) ont fait au printemps dernier l’objet d’un inventaire et d’une dégustation à l’aveugle dans la foulée.

Chai souterrain

Galerie souterraine creusée sous la route de Lembeye, conservant en permanence une température de 12° C, le chai Doléris, construit, en 1910, par Jacques Ameydée Doléris, humaniste de son temps, pour élaborer le Royal Béarn, unique Pacherenc en méthode traditionnelle disparu à ce jour, permet une excellente conservation naturelle des vins et peut se visiter toute l’année.

Point de surprise avec les Madirans. Ils sont équipés pour affronter le temps avec le tannique tannat en cépage majoritaire dans les assemblages comme le montre les millésimes 1987 et 89 du domaine Pichard, 89 du domaine Sergent ou 90 du château Viella. Robes tuilées, arômes de cuir au nez, fruits rouges très mûrs et encore une grande fraicheur en bouche.

Côté moelleux, avec le petit manseng le potentiel de garde n’est pas étonnant. A noter le millésime 1992 du domaine Berthoumieu, élevé en fut de chêne, un bel exemple de tension en sucre et acidité.

Et si les Pacherenc secs étaient de grands blancs ?

Les Pacherencs secs quant à eux font voler en éclat un apriori. A l’instar des moelleux, ils ne sont pas des vins à boire exclusivement jeunes. Ils peuvent très bien vieillir pour devenir de grands blancs comme cette cuvée Frédéric Laplace 1990 (assemblage petit et gros manseng), découverte avec Denis Degache, directeur délégué de la cave de Crouseilles, lors d’une visite au Chai Doléris en 2012. Avec une robe devenue légèrement ambrée avec le temps, mais sans oxydation exagérée, elle développe des arômes de coing au nez qui, une fois en bouche, se transforment en saveur de sous bois avec une belle acidité et du gras : un vrai festival pour le palais ! Lors de la dégustation, la même cuvée, mais du millésime 1992, confirme, cette belle impression ressentie deux ans plus tôt.

Mais la grande surprise de la dégustation sur les Pacherencs secs vient sûrement de la cuvée Carte d’or (millésime 1992), cuvée tradition de la cave de Crouseilles qui développe un nez truffé avec du gras en bouche et une belle acidité finale alors qu’il n’est que le fruit d’un assemblage d’arrufiac (aujourd’hui remplacé par le gros manseng plus aromatique) et de petit corbu se souvient Jean Tortigue, maître de chai de la cave de Crouseilles à l’époque.

Naissance d’une oenothèque

Après avoir pensé un temps organiser une vente aux enchères de ces millésimes d’exceptions pour mettre en lumière leur potentiel de garde, l’interprofession des vins de Madiran a finalement décidé de conserver les trésors du chai Doléris pour constituer la base de l’oenothèque qui manque aujourd’hui à l’appellation.

(Version complète du reportage paru dans Terre de vins)

Chai Doleris

Route De Pau - 64350 Lembeye

Tel : 05 59 68 20 79

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