Avec les premiers rayons de soleil du printemps qui assèchent enfin les pluies, l’envie de rosé va se faire logiquement ressentir. Aussi, voilà une sélection de rosés « résistants », bien loin des rosés Pantone® à la colorimétrie calibrée et aux thiols boostés par les exo-levures afin de révéler des saveurs de pamplemousse et autres fruits exotiques.
Ça va saigner !
Des rosés fiers de l’être, obtenus par macération ou par saignée et fermentés avec des levures indigènes, qui n’ont pas honte de leur couleur ni de leur goût, au risque de passer pour des « métèques » face à la translucidité imposée par ceux de Provence depuis une bonne décennie. Des rosés de niche et de table pour « connoisseurs », à boire dès maintenant jusqu’à l’automne compris et que l’on peut même laisser vieillir une ou deux années encore. D’ailleurs, signe des temps, le Château Pibarnon (AOC Bandol), a sorti à l’équinoxe d'automne passé, un rosé éponyme, Nuance. Nous en reparlerons.
Paillard
Commençons par un pur syrah, Terre de Figuier (IGP Coteaux de l’Ardèche) de la cave des Vignerons Ardéchois à Ruons. Un rosé paillard, un brin rustique, récolté de nuit pour garder de la fraîcheur. Une robe cerise, un nez puissant et des arômes de fraise et framboise en bouche avec un finale réglissée, signature de la syrah. Parfait pour accompagner un barbecue comme une brandade.
5,50€
Gourmand
Traversons le Rhône et remontons un peu au nord pour arriver au Domaine de Montine (AOC Grignan-les-Adhémar) pour Gourmandises. Assemblage de grenache (50%), syrah (40%) et de cinsault (10%), il porte bien son nom. Dès le nez, ça frétille les fruits des bois sous une robe brillante. Rond et souple en bouche, c’est le genre de vin qu’il faut acheter par paire car on a finit la première avant même d’avoir commencer à manger (il aurait pu s’appeler également « Tentation »), mais une fois à table, il a assez d’ampleur pour s’attaquer à une belle côte de bœuf et sa sauce à l’anchois !
6€
Minéral
Toujours en direction du nord, nous arrivons à Charnay en Beaujolais chez Jean-Paul Brun (Terres Dorées) dont on ne présente plus les Beaujolais, un modèle du genre, que ce soit en blanc (j’adore !) ou en rouge, mais son Rosé d’folie mérite aussi l’arrêt. Plus austère que les deux précédents, ce rosé pur gamay est minéral avec des notes de groseilles mûres et une petite acidité en finale. Grâce à une fermentation très longue, ses arômes ne s’étiolent pas, une fois la première bouche passée, et persistent tels une basse continue qui revient à intervalle régulier vous donner le ton pour l’accord. Gambas ou chorizo, pourquoi choisir ? Il est parfait pour un terre & mer.
(Bio non certifié) 8,50€
Terres Dorées
565 route d'Alix
69380 Charnay en Beaujolais
Tél : 04 78 47 93 45
Virtuose
Passons la Bourgogne et continuons notre remontée en allant un peu plus à l’est, à Bar sur Seine dans la côte des Bar, chez Devaux pour leur rosé des Riceys. Un pur pinot noir, provenant des coteaux des lieux dit de Chanzeux et Val Bazot exposés sud. Robe rubis, nez épicé, bouche friande, fruits rouges qui dansent sur la langue, « Aboli bibelot d’inanités sonores », une Gymnopédie. La numéro 1 selon, Michel Parisot, le maître de cave mélomane. Le mieux est de le consommer seul. Un rosé méditatif.
26€
Sidérolithique
Cap au sud-ouest, sans passer par la case Bordeaux qui a abandonné son Clairet au profil de pâles rosés (mentionnons néanmoins celui de Haut Bally (2014) qui lui rend toutes se lettres de noblesse), pour arriver à Villesèque dans le Lot. Avec le KmeLot du Clos Troteligotte en IGP Côtes du Lot, Emmanuel Rybinski propose un rosé anti-tendance qui a de l’ampleur. Avec des vignes poussant sur un sol argilo calcaire sidérolithique rouge, riche en fer, il affiche une robe grenat qui lui vient du Malbec (100%) et développe des arômes de fruits rouges où la framboise mûre domine. Un rosé tout terrain.
(Bio) 6,50€
Vineux
Allons vers l’est maintenant, jusqu’à Narbonne, au Château Pech Redon (AOC Laguedoc - La Clape) pour la cuvée L’Epervier, un rosé en embuscade. Assemblage de syrah (80%) et de grenache (20%) avec un nez animal comme pourrait l’avoir un rouge, Christophe Bousquet fait un vin qui vous roule comme un galet et vous fait perdre vos repères avec une légère touche oxydative finale. Voilà un rosé, compagnon de vos expériences gastronomiques, qui ne vous laissera pas indifférent.
(Bio) 9,50€
Subtil
Terminons ce tour des rosés « résistants » par l’extrême sud-est, sur les hauteurs de la colline de Saquier, dominant la baie de Nice, avec la cuvée Baron G du Château de Bellet de l’appellation éponyme, datant de 1941 et son cépage étonnant, le braquet. Le plus clair de cette sélection avec une robe tuilée, dû à une légère macération, un nez floral avec cette étonnante note de violette qui vire poivrée en finale. Subtil et rare comme un parfum…
(Bio) 22€