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  • Jean Dusaussoy

Le Voile et la Percée / Jura

Ce conte-là n’a rien de persan, il nous vient du Jura. Pourtant il y est bien question d’un voile, qui, nous savons bien depuis les Contes des mille et une nuits, dissimule toujours quelque chose. Un mystère levé lors de la 19ème édition de la Percée du vin jaune à Montigny-Les-Arsures.

Le mystère du voile

Après six ans et trois mois d’élevage sous bois de chêne, le millésime 2008 a pu enfin être mis en perce (il y aurait un autre conte à écrire là-dessus, mais cela nous ferait dévier) et en clavelin, cette bouteille originale, datant du XVIIIème siècle, dont la contenance particulière de 62 cl correspond à ce qu’il reste d’un litre de vin en fin d’élaboration, une fois la part des anges évaporée (38 cl).

Vinifié exclusivement à partir du cépage savagnin récolté à pleine maturité, le vin jaune doit son caractère oxydatif au fait qu’il n’y a pas de ouillage durant son long élevage pour compenser son évaporation, ce qui lui permet de développer un voile à sa surface (cf. photo), en raison des levures actives contenues naturellement dans le vin et dans les caves. Grâce à lui, le vin va se doter d’une belle robe dorée, lui valant son surnom d’or du Jura, et prendre ses arômes si particuliers tournant autour de la noix et du champignon. Arômes qui ne sont pas sans rappeler ceux du Fino et de la Manzanilla, ses cousins espagnols, plus connus en France sous le nom générique de Xérès. Rien d’étonnant car ces vins, issus du triangle Jerez de la Frontera, Puerto Santa Maria et San Lucar de Barrameda dans la province de Cadiz, sont également élevés sous voile, appelé « flor » outre Pyrénées.

Vraie polémique ou faux débat ?

Photo © Frabrizio Bucella

Mais cette édition de la Percée (à laquelle je n’ai malheureusement pas pu participer cette année) aura fait l’objet d’une polémique en raison de son succès, malgré le froid et la neige… populaire. Qualifiée de « beuverie sans intérêt » sur Rue 89 Lyon, Benjamin Poussardin a visiblement confondu, avec beaucoup de mauvaise foi, fête populaire et club de dégustation. S’il est vrai qu’un tel événement n’est pas le meilleur endroit pour effectuer une dégustation idéale (mais là n’est pas l’objectif premier), tout comme (avec une mauvaise foi encore plus grande, mais pour rester sur les vins oxydatifs) je ne conseillerais à personne la Féria de Nîmes, ni même celle de Séville, pour déguster les vins de Xérès, dirait-il la même chose de ces gros salons viticoles ouverts aux professionnels tout comme au public où, au fils des heures, les conditions de dégustation ne sont plus toujours optimales ? Je n’en suis pas sûr et c’est là où le bât blesse. Quelques débordements individuels (cf. photo) ne doivent pas remettre en question un événement porté par de nombreux bénévoles et l’ensemble de l’appellation, même si quelques uns de ses ténors font défaut.

La meilleure dégustation se fait chez le vigneron, un peu comme le meilleur des fruits est celui que l’on cueille sur l’arbre. Mais cela n’est pas un scoop !

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